lundi 22 septembre 2014

#12 & 13 : Soulac sur mer

Pour le week-end du patrimoine à Soulac, l'expo est présentée sur la place de la Basilique Notre Dame de la fin des terres, au coeur de la ville et des manifestations. Beaucoup de monde pour voir, revoir ou découvrir au hasard l'expo. Environ 2500 personnes sur le week-end ! Une tournée estivale qui se termine donc en beauté, et avec un temps magnifique.












Le texte de l'expo, de Christian Coulon, écrivain médoquin.

LA GRANDE LEGENDE DE LA CÔTE GIRONDINE, VUE DU CIEL 

«  Toutes les formes ne sont faites que pour aller et venir »
 (Ovide, Les Métamorphoses)
Montaigne nous l’avait bien dit : La vie, la nôtre comme celle de la nature, est en perpétuel mouvement, et il note qu’en Médoc, « la mer pousse si fort » que la côte s’en trouve constamment modifiée.  Ainsi notre territoire n’est jamais fini. Ainsi, notre littoral est en constante fabrication, façonné qu’il est par les changements climatiques et par l’érosion, mais aussi par les aménagements que les hommes ont voulu, avec plus ou moins de bonheur, y installer. Notre territoire côtier est en somme la résultante instable de cette éternelle rivalité entre la force des eaux et la prétention des êtres humains à maîtriser celle-ci. 
En parcourant à pied nos côtes atlantiques, on rencontre bien des témoignages de cette opposition, de cette lutte séculaire. Mais c’est vu du ciel que l’on perçoit le mieux l’ampleur de ces métamorphoses,  leur dimension épique et fantastique. Alors, on réalise pleinement l’extrême fluidité de notre monde. En prenant de la hauteur, comme nous y invite Delphine Trentacosta, on est mieux à même de saisir  la grande aventure de notre côte girondine qui n’est en définitive qu’une illustration localement située de la mobilité de notre vaste monde.
De la Pointe de Grave au Cap Ferret, suivons donc notre artiste photographe dans son parcours initiatique. Les fils tissés par ses clichés dessinent une carte, aussi bien matérielle que mentale, de notre microcosme côtier girondin et de sa permanente gestation. Ses photos  déroulent une fresque  qui se déploie en séquences et constitue notre légende, la légende de notre humanité aux prises avec le défi des éléments. Une difficile cohabitation, un chantier ininterrompu, comme nos destinées, car « le monde n’est qu’un branloire pérenne », conclut Montaigne. Nos traits de côte sont une fascinante allégorie de ces forces mouvantes qui recomposent sans cesse les êtres et les choses. 
Christian Coulon, écrivain médoquin
16 juin2014